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Athènes, Dionysos et le vin

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L'objectif principal du site est la publication de mes textes consacrés, pour l'essentiel, à Dionysos et son vin. Je suis convaincu que ce dieu a été constamment marginalisé par les interprètes, même les plus savants. Ils ont cautionné une vision du dieu réduit à ses "excès", sa "sauvagerie" et son cantonnement comme le dieu des femmes.
Simultanément, le vin d'où découle une pratique sociale essentielle, le symposion, en cité était comme laïcisé, détaché du dieu à l'origine du vin. Cela n'a pu se déployer qu'avec un certain dédain pour les innombrables témoignages céramiques sur les implications de Dionysos et de son cortège, les Ménades et les Satyres.
Ménades et Satyres sont très souvent peu étudiés simultanément et bien plus en face à face. Ce qui permet de construire une vision de la Ménade harcelée par les Satyres, lesquels sont enfermés dans une lubricité infernale. Au mieux, ils sont considérés comme d'aimables pitres, l'inverse d'un digne citoyen. C'est encore ignorer toute une iconographie qui montre des assemblages heureux de Satyres et de Ménades et qui loin de se se montrer éloignés de la cité se révèlent des prolongements plein d'imagination, de remaniements des rapports interindividuels. Ménades et Satyres apparaissent alors comme les artisans, autour de Dionysos et du plaisir, de projets d'autonomie, de reconsidération des relations entre masculin et féminin, entre hommes et femmes en cité. C'est de bien de vie en cité dont il est question, pas de vie ou de courses dans la montagne. La dimension politique de l'iconographie dionysiaque est surprenante et elle est indissociable d'une réflexion sur le plaisir qui est tout de même un objectif majeur de la vie en cité.
Au fil de mes travaux, j'ai croisé Héraclès et les Centaures. Comme pour les Satyres, les Centaures furent réduits à des brutes aux désirs incontrôlables. C'était négliger leur relation étroite au vin de Dionysos et à Héraclès. Les Centaures avaient formé une société très simple, mais structuré par Dionysos autour d'une jarre de vin et d'une certaine idée de l'hospitalité. Evidemment, cet épisode mythologique invitait à se pencher sur leur destin, mais également à interroger l'ouverture d'une jarre de vin ... Cette ouverture dirigeait immanquablement vers une fête de Dionysos et vers les autres fêtes du vin. Toutes ces fêtes, centrées sur le vin, s'articulaient à des problématiques du plaisir en cité.
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Ce que je publie sur ce site relève de trois catégories de textes :
- une petite dizaine a été publiée dans des revues universitaires de France, d'Allemagne, d'Italie, de Belgique et de Grèce.
- quelques textes avaient reçu un accord pour publication, mais de "petites histoires" en ont décidé autrement.
- la dernière catégorie comprend des textes plus récents que les précédents et que je n'ai pas l'intention de soumettre aux comités de lecture de revues. Mon "ego" se satisfera de ce choix.
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Pour conclure cette présentation, je dois consacré quelques lignes à la personne dont je suis le plus redevable en ce qui concerne mes recherches, Marcel Detienne, que j'ai toujours appelé "Marco". Je le "connaissais" depuis décembre 1973. Il était venu faire une conférence devant un groupe d'étudiants en licence d'histoire à Jussieu. J'avais été ébloui ! L'année suivante, j'ai rédigé un mémoire de maîtrise sous la direction de P. Vidal-Naquet. Ensuite, j'ai quitté Paris pour Saint-Malo tout en effectuant des vacations de recherche pour Alain Schnapp. Après quelques péripéties révélatrices du microcosme universitaire, je n'ai plus sollicité de vacations et en dehors de la préparation pas sérieuse de concours de recrutement pour l'enseignement, je cherchais et un sujet de doctorat de 3 ème cycle et un directeur de recherches. Au moment où je renonçais aux vacations, je me trouvais au Centre Louis Gernet, rue Monsieur Le Prince en grande explication avec "Marco" au sujet de ces fameuses vacations. Une fois le sujet clos, je lui ai demandé s'il accepterait de diriger un DEA puis mon doctorat et il a accepté, j'oserai écrire avec plaisir, comme si nous étions fait pour nous comprendre, pour nous entendre bien et ce fut le cas de 1977 jusque au début des années 2000.
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Marcel Detienne m'a constamment soutenu, guidé. Ses suggestions étaient toujours heureuses. Il a lu et relu chacun de mes textes. Nos relations étaient simples, fondées sur l'avancement de mon travail. Son départ aux Etats-Unis n'a gêné en rien la poursuite de son soutien, de ses critiques. En 1995, à un âge bien avancé, j'ai soutenu une lourde thèse qui s'approchait davantage d'une thèse d'Etat, avec les imperfections en plus, que d'une thèse "nouveau régime".
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Ensuite, j'ai continué d'assister à ses séminaires quand il était de retour en France et j'ai assisté à son dernier séminaire en décembre 1997, non sans émotion ... J'ai fait un exposé en février 1998 dans un séminaire de recherches qu'il animait au Panthéon-Sorbonne sur les relations entre Héraclès et Dionysos. Nous avons continué d'échanger par courrier et au cours de déjeuners. Nous nous retrouvions à la bibliothèque de l'ENS et il m'invitait à déjeuner dans le quartier. Grâce à lui, j'ai découvert des auteurs que je n'aurai jamais lu sans ses conseils. Il déplorait que mes travaux soient si peu cités, comme s'ils dérangeaient. Ne m'avait-il pas dit avant ma soutenance de thèse en 1995 "Cela va faire du bruit dans Landerneau". Plutôt que du bruit, c'est un grand silence qui a entouré ma thèse et les articles qui en ont découlé. D'une certaine manière, il avait eu raison. J'ai dû à plusieurs reprises m'entendre dire que "je n'avais pas le droit d'écrire telle ou telle chose, sur tel ou tel auteur ou sujet" ou que pour faire partie d'un "labo", il fallait être "solidaire", avoir des positions scientifiques communes ...
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Même si d'autres personnes, occasionnellement m'ont soutenu, aidé, et je pense à Jean-Louis Durand, Stella Georgoudi ou Pauline Schmitt-Pantel, c'est seulement Marcel Detienne qui m'a accompagné sur la longue durée, pendant plus de trente ans avec la même générosité, la même gentillesse, la même simplicité jamais dénuée d'un humour qui faisait réfléchir. Un de nos derniers échanges a porté sur mon entreprise un peu démesurée de construire une maison, et il me comparaît à Apollon bâtisseur. Notre relation était tissée de choses simples, toujours encourageantes et fructueuses pour moi. Merci à toi, Marcel Detienne !
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Je garde en mémoire deux autres personnes, Nicole Loraux et Jean-Pierre Vernant.
La première pour sa gentillesse. Non seulement elle m'avait félicité pour mon DEA et le considérait comme déjà la moitié d'un III ème cycle, mais un peu plus tard elle avait tenu à m'informer d'un point révélateur de son humanité. Elle savait qu'Héraclès était au centre de mes travaux à cette période et qu'elle avait l'intention de travailler sur lui également. Elle voulait m'en informer et savoir si cela me dérangerait ... Un bel exemple !
L'autre personne, Jean-Pierre Vernant, je l'admirais et il m'impressionnait. Je ne pouvais l'appeler que "Monsieur" et il avait fini par me dire "mais appelle-moi "Jipé" comme tout le monde". Je n'ai jamais réussi à l'appeler ainsi par la suite. Notre première encontre date de mai 1974. Il avait animé un séminaire de trois jours sur le mythe des races chez Hésiode au couvent dominicain La Tourette, à l'Arbresle, un moment fabuleux. De plus, j''y ai fait la connaissance de celle qui allait devenir un peu plus tard mon épouse.
Je ne peux pas terminer cette présentation sans évoquer un lieu, le Centre Louis Gernet, Rue Monsieur le Prince, à Paris. Je l'ai fréquenté pendant plusieurs décennies. Tout d'abord quand j'étais vacataire de recherches vers 1975 - 76, puis comme membre du Centre. C'était un grand honneur pour moi parce que je venais simplement de terminer mon DEA. Pierre Vidal-Naquet avait proposé ma candidature lors d'une assemblée "fondatrice" du Centre si mes souvenirs ne me trompent pas.
Ensuite, j'ai fréquenté plus ou moins régulièrement le Centre en fonction de mes recherches, de mes disponibilités liées à l'enseignement, les travaux de rénovation d'une maison et une famille qui s'agrandissait peu à peu.
Le Centre grandissait lui aussi et je ne m'y sentais pas à mon aise. A une date que j'ai oublié, la bibliothèque s'est agrandie en sous-sol. Je m'y réfugiais pour travailler. J'avais un trousseau de clés, j'arrivais tôt avant l'ouverture et je repartais souvent le dernier avec quelques livres que je rapportais deux semaines plus tard, selon une périodicité presque immuable. Les dernières années du Centre à cette adresse, j'y passais la matinée et ensuite j'allais à la bibliothèque de l'ENS, rue d'Ulm. Je ne suis pas normalien, mais l'accès à cette bibliothèque m'avait été accordé grâce à une intervention de Marcel Detienne.
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